Viol, attouchements, inceste, … 2ème partie (à suivre…)

Suite à notre 1^ère publication, nous voulons cette fois-ci nous pencher sur certains « aspects typologiques » du viol, des attouchements sexuels ou de l’inceste :

• Leur chronologie ?
• Qui est en général la victime ? Quel est son âge ? Son rapport social par rapport à l’auteur ? Quelles sont les souffrances endurées ? Au moment de l’acte ou à postériori ?
• Qui est l’agresseur sexuel ? Quel type de personnalité peut-on lui attribuer ?

Petit rappel !

Qu’il s’agisse de viol, d’attouchement sexuel ou d’inceste, ces actes sont définis comme étant des agressions sexuelles commis par un individu, qui cherche prioritairement à satisfaire son ou ses désir(s) sexuel(s) ; en quelque sorte, des pulsions sexuelles qui lui sont totalement incontrôlables.

A travers cet acte qui est très intrusif sur une personne donnée et qui est en sorte une agression sur autrui d’une rare violence, l’auteur d’un tel acte n’a prioritairement qu’un seul but à satisfaire, une seule intention, qui est de nature égoïste. L’auteur ne cherche pas forcément le consentement de celui ou de celle qui deviendra par la force des choses sa victime ; une victime silencieuse !

Il devient l’auteur d’une infraction physique qui conduit forcément et concomitamment à un trauma psychologique. Ce qui explique la sanction pénale qui s’en suit ipso facto et en hauteur du préjudice causé. Il s’agit là d’une atteinte physique et psychique sur une personne vulnérable. C’est surtout cet indice psychologique et de fragilité « physique », que l’on[1] doit absolument prendre en compte dans la compréhension ou l’interprétation de tout ce que peut vivre une victime, d’ailleurs au-delà d’autres facteurs annexes.

La victime.
Que ce soit en temps « ordinaire » ou en temps de guerre, la victime réfute à prime abord toute demande « sexuée » exprimée par son agresseur. Elle n’approuve d’ailleurs jamais cet affame désir sexuel qui lui est imposé avec agressivité. Que la victime connaisse l’auteur de l’acte ou pas, et quel que soit le lien de familiarité qui pourrait les unir, elle lui dit NON ! Toutefois, il arrive que l’auteur face usage d’une manipulation psychologique incroyable envers sa victime pour arriver à ses fins. C’est malheureusement le piège qui est tendu en général aux victimes qui n’ont aucune expérience sexuelle (par ex. lorsqu’il s’agit d’un enfant). Cette dernière est non seulement surprise par des gestes intrusifs qui touchent son intimité, mais aussi par ce qui lui arrive de façon soudaine. Elle devient profondément meurtrie et au bout du compte, finit par s’apercevoir que son agresseur a voulu « déguiser » ses intentions alors qu’il est, un proche qu’il ou elle affectionne et pour laquelle, il ou elle a une certaine tendresse,…, une sympathie.

Une victime « enfant » peut de par là être confrontée durant toute son enfance par cette douloureuse mésaventure, voire durant une bonne partie de son adolescence ou d’étapes de maturité sexuelle et à quelques degrés près, durant sa vie d’adulte (quand elle s’installe en couple). Les conséquences peuvent alors durablement peser sur le plan psychique.

Force est de constater que certaines victimes bénéficient de capacités de résilience incroyables qui leur permette de surmonter relativement vite les terribles évènements qui se sont pourtant déroulés durant une période déterminante de leur construction psychique (leur personnalité) ou de leur identité sexuelle (masculine ou féminine).

Penchons-nous dès à présent et plus profondément sur certains mécanismes psychiques.

Les mécanismes vécus par la victime sur le plan psychique sont des mécanismes qui s’apparentent à une disjonction des circuits émotionnels et de la mémoire d’une victime avec la mise en place de deux sortes de dissociations : la dissociation traumatique et la mémoire traumatique.

• La dissociation traumatique

Tant que la victime reste en contact avec son agresseur, le danger et la sidération persistent chez elle ainsi que le stress extrême. Le mécanisme de sauvegarde continue d’être enclenché produisant chez la victime un état de dissociation traumatique chronique. L’entourage, face à la dissociation de la victime et son apparent détachement, ne va pas prendre conscience du danger.

La victime se sent alors perdue et ne se reconnaît plus et il lui est très difficile de se projeter dans un autre espace ou une autre vie, vu qu’elle s’en sent incapable. Cet état facilite grandement l’emprise par l’agresseur qui en profite pour influencer drastiquement le psychisme de la victime tout en la réduisant en esclavage.

• La mémoire traumatique

Dans ce cas, la victime est hors temps et en dehors de toute possibilité d’analyse. Elle est indifférenciée. Le traumatisme peut alors se déclencher de nouveau et au moindre événement, rappelle les violences. C’est comme une machine à remonter le temps et qui fait revivre les faits sous la forme de flashbacks qui sont de terribles moments pour la victime.

Par endroits, elle ressent de la terreur avec une acuité intolérable et peut se commémorer ou entendre de nouveau les paroles et les mises en scène culpabilisatrices haineuses et méprisantes de l’agresseur.

Le plus dramatique, est lorsque la victime, au lieu d’être plus sereine, ressentit une détresse intolérable et subit des attaques intrapsychiques qui la culpabilisent et la disqualifient en permanence.

Cela constitue alors un grand risque qu’elle retourne vers son agresseur qui, en ayant le pouvoir de la dissocier aussitôt, va l’anesthésier. La victime pourra même croire qu’elle a son agresseur dans la peau et qu’elle ne peut pas se passer de lui. Cette oscillation entre dissociation traumatique et mémoire traumatique explique pourquoi la victime est souvent condamnée à rester sous l’emprise de l’auteur de l’acte sexuel/sexué non désiré. C’est malheureusement un piège qui peut se refermer sur la victime.

Ces quelques images ci-dessous, nous permettront de deviner la stupeur d’une agression sexuelle et la violence inouïe qui peut en découler.

Abordons dès à présent, la personnalité de l’auteur d’agressions sexuelles.

Il faut d’abord se le dire, qu’il n’existe pas que des hommes violeurs !!! Malheureusement, non.

Il y a de cela plusieurs décennies, on a constaté que dans nos sociétés, beaucoup de viols ont été commis au sein de nos propres familles et par quelqu’un de l’entourage. Un adulte très proche ou assez proche du cercle familial. C’est un personnage souvent charmeur ou manipulateur qui profite de la vulnérabilité de sa victime, l’isole, la contraint au silence et lui dit que ce qui lui arrive est de sa faute à elle. Ce personnage a entre autre une forte volonté de domination, mais qui a généralement de gros problèmes de relations à l’autre.

Comme nous l’avons souligné plus haut, on se rend compte que l’auteur construit de façon incroyable son plan machiavélique, qu’il nourrit et murit longuement. Ce qui explique pourquoi il opère dans une bonne partie des cas dans un lieu choisi, donc de façon préméditée, ou à quelques exceptions près, de façon brusque lorsqu’il est lui-même proie de sa propre pulsion sexuelle (explosive) !

Que l’on soit face à un cas de viol, d’attouchements ou de toute autre agression à caractère sexuel, le lieu du passage à l’acte reste classique :

• Le domicile habituel de la victime ou la résidence d’un proche ou ami de la famille
• Le milieu scolaire
• Un endroit clos ou une rue déserte
• Les transports en commun
• Le lieu de travail
• etc.

En fonction du déroulement et du passage à l’acte, l’auteur se sert alors de l’âge de la victime qui peut jouer, ici ou là, un rôle symbolique ou très parlant ; contrairement au moment précis du passage à l’acte qui lui est choisi, surtout par les auteurs pervers, habitués à de telles besognes. Ce qui est sûr, bon nombre d’auteurs de violences sexuelles sont relativement beaucoup plus âgés que leurs victimes qui sont quant à elles immatures et en pleine croissance.

Faute d’une prise en charge psychologique, une victime peut régulièrement faire face à des troubles de la sexualité qui sont d’ordres divers :

• Un sentiment de honte et de dégoût qui peut s’installer durablement,
• La crainte d’avoir un rapport sexuel avec son partenaire habituel, même quand celui-ci est désiré,
• Un rejet du partenaire durant l’acte sexuel (le coït) ou juste ou moment de l’éjaculation
• Une atteinte à sa propre intégrité physique,
• Une crainte, voire une angoisse de revivre les mêmes faits,

A cela, s’ajoute plusieurs autres risques qui sont socialement insupportables pour la victime :

• La défloration
• Une grossesse non désirée
• Des maladies vénériennes ou autres infections sexuellement transmissibles.

Dans notre futur et dernier article, nous regrouperons sommairement quelques informations utiles. 

Bien cordialement,

Votre

 

Dr. Ibrahim HAÏDARA
Psychologue
Docteur ès Sciences sociales
Promoteur du Cabinet de Psychologie « PSY2A »
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[1] Professionnels de la Justice (Juges, médecins ou experts judiciaires, psychologues, travailleurs sociaux, etc.)